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    Peut être une image de 2 personnes, personnes debout et texte qui dit ’"On leur dit qu'on a niqué le cartel militaro-pétro-bancaire Rothschild-Rockefeller, leur nouvel ordre mondial et tout l'état profond!?"’

     

     

     

     Les français qui regardent TF1 et BFM TV sont victimes d'un véritable lavage de cerveaux à propos de la Russie.(François Asselineau, homme politique français) 

     

     

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    Le pouvoir d’influence délirant des dix milliardaires qui possèdent la presse française

    #LIBERTÉEGALITÉINFORMÉS 5 avril 2017 par Agnès Rousseaux

     

    Venus du BTP, de l’armement, du luxe ou de la téléphonie, dix milliardaires ont pris le contrôle d’une grande partie des médias français. Avec à la clé, conflits d’intérêts, censures, pressions, licenciements, ingérence malsaine. Comment garantir la liberté de l’information et le pluralisme de la presse ? Résumé d’une situation critique, à l’occasion de la campagne #LibertéEgalitéInformés.

     

     

     

    À qui appartient la presse française ?

    Le secteur de la presse en France est un grand Monopoly. Tout s’achète, tout se vend, les journaux, les télés, les radios. Quelques milliardaires se partagent le gâteau. Résultat : 90 % des quotidiens nationaux vendus chaque jour appartiennent à 10 oligarques ! D’après les calculs de Basta!, les mêmes possèdent des télévisions et radios qui totalisent respectivement 55% et 40% des parts d’audience [1]. Vous avez donc une grande probabilité de lire, regarder ou écouter chaque jour des médias qui appartiennent à ce petit cercle de milliardaires.

     

     

    Repère :

    Où en est la concentration des médias en février 2022

    Cela pose plusieurs problèmes. La concentration d’abord. Est-il sain qu’une si grande part de la presse appartienne à quelques personnes, richissimes, faisant partie d’une caste de privilégiés ? L’indépendance, ensuite. Est-il normal que les principaux médias de notre pays soient entre les mains de marchands d’armes, d’entreprises du luxe, du BTP, de la téléphonie, de banquiers ou de fabricant de toilettes ? Comment ces propriétaires peuvent-ils concilier liberté de l’information et intérêts privés ? Comment TF1, BFM-TV, Le Monde, Libération peuvent-il produire en toute indépendance des enquêtes sur le secteur de la téléphonie, quand leurs propriétaires sont les patrons de Free, Bouygues Telecom et SFR ? Comment les journalistes du Figaro peuvent-ils porter un regard critique sur la politique de défense de la France, quand le propriétaire de leur journal vend des avions de chasse à l’État français ? Enfin, cette situation ne peut qu’encourager la reproduction d’un système économique qui assure la continuité des intérêts financiers de cette petite classe de possédants. Ils constituent une véritable communauté d’intérêt ! Et ce qui motive de riches patrons à créer des conglomérats médiatiques – qui ne rapportent pas vraiment d’argent – c’est d’abord la possibilité d’acheter de l’influence.

     

    Qui sont ces 10 milliardaires ?

    Ils sont cinq à faire partie du cercle des dix premières fortunes de France : Bernard Arnault, PDG du groupe de luxe LVMH (patron des Echos, du Parisien), Serge Dassault (Le Figaro), François Pinault (Le Point), Patrick Drahi, principal actionnaire de SFR (Libération, L’Express, BFM-TV, RMC), Vincent Bolloré (Canal+). On trouve ensuite Xavier Niel, patron de l’opérateur de téléphonie Free et 11e fortune de France, qui s’est associé avec Pierre Bergé, héritier du couturier Yves Saint-Laurent, et avec le banquier Matthieu Pigasse, pour devenir propriétaire du groupe Le Monde (L’Obs, Télérama, La Vie...). Matthieu Pigasse possède également Radio Nova et l’hebdomadaire Les Inrocks.

     

    Martin Bouygues, 30e fortune de France, est propriétaire du groupe TF1. La famille Mohn, qui contrôle le groupe allemand Bertelsmann [2], est propriétaire de M6, RTL, Gala, Femme actuelle, VSD, Capital,… Viennent ensuite Arnaud Lagardère, propriétaire d’Europe 1, Paris Match, du JDD, de Virgin radio, RFM, Télé 7 jours, et Marie-Odile Amaury, qui possède L’Equipe (et dont le groupe est, par l’une de ses filiales, organisateur du Tour de France notamment). Petite précision : ces deux derniers ne sont « que » millionnaires, avec tout de même une fortune évaluée entre 200 et 300 millions d’euros. A ce « Top 10 », on pourrait aussi ajouter la famille Bettencourt qui finance le journal ultra-libéral L’opinion. Ou le milliardaire d’origine libanaise Iskander Safa, 71e fortune de France et propriétaire du très réac Valeurs actuelles.

     

     

     

    Conflits d’intérêts en pagaille

    Quelles sont les conséquences sur l’indépendance des médias ? Un mélange des genres pour le moins douteux, qui peut mettre les journalistes en porte-à-faux. Comment TF1 pourrait-il produire des enquêtes critiques sur les abus des partenariats publics-privés (PPP) quand son propriétaire, Bouygues, fait partie des multinationales du BTP qui bénéficient de ces juteux contrats ? Autre exemple : comment un média peut-il s’intéresser de près aux affaires d’évasion fiscale quand son patron manifeste un attrait prononcé pour les paradis fiscaux ? C’est la question que doivent se poser les journalistes de BFM-TV à chaque nouveau scandale fiscal.

     

    Leur boss, Patrick Drahi, a échafaudé, à partir de sa holding personnelle, un opaque et complexe montage de filiales et de trusts, dispersés au sein de paradis fiscaux notoires : Guernesey, Suisse ou Luxembourg. Comment BFM évoque-t-elle le scandale des Panama Papers, dans lequel apparaît le nom de Patrick Drahi ? « Vous avez vu la réaction des gens qui ont été cités ? Ils se défendent c’est normal. Patrick Drahi, par exemple, qui reconnaît avoir une société, mais rien d’illégal. (…) Est-ce que finalement c’est la bonne méthode de jeter en pâture des noms de personnalités, sans qu’elles aient vraiment la possibilité de se défendre ? », explique ainsi l’animateur Olivier Truchot dans son émission BFMStory...

     

    Voir l’organigramme de l’empire industriel de Patrick Drahi, réalisé par l’économiste Benoît Boussemart et publié par Le Canard enchainé .

     

     

    Autre problème, les proximités entre patrons de presse et politiques. C’est Nicolas Sarkozy, proche de Bernard Arnault, qui annonce en 2007 aux journalistes des Echos le nom de leur nouveau patron ! Car ces richissimes propriétaires de presse entretiennent quelques affinités avec des responsables politiques : lors du mariage de Nicolas Sarkozy avec Cécilia Ciganer-Albéniz, les deux témoins sont… Bernard Arnault et Martin Bouygues. C’est sur le yacht d’un autre ami, Vincent Bolloré, que Nicolas Sarkozy choisit d’aller se reposer après son élection en 2007. « Arnaud est plus qu’un ami, c’est un frère », déclare encore Nicolas Sarkozy à propos de l’héritier Lagardère. Enfin, il compte Serge Dassault parmi les clients de son cabinet d’avocats. La moitié de ces dix propriétaires de presse sont des proches de l’ancien président. Bref, question indépendance, on repassera !

     

    Quel que soit l’impact réel de ces connivences et les éventuelles pressions, les dégâts du soupçon – le fait que ces riches patrons se trouvent en conflit d’intérêts, en situation de pouvoir abuser de leur position pour leur intérêt propre – sont bien là. Cette simple suspicion produit une délégitimation du secteur de la presse. Conséquence : seuls 34% des Français estiment que les médias fournissent des informations dignes de confiance. Plus de deux tiers des Français pensent que les médias subissent des pressions commerciales ou politiques qui impactent les informations délivrées [3].

     

    Je lis, j’aime, je soutiens

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    Licenciements et coups de pression

    Lorsqu’on est journaliste, peut-on travailler en toute indépendance dans cette situation ? Quelques exemples – la face visible de l’iceberg des pressions souterraines ! – montrent que ce n’est pas le cas : l’ingérence de ces patrons est bien réelle. Certains ont une fâcheuse tendance à faire le ménage en arrivant, pour mettre à la tête des médias des dirigeants compatibles avec leurs intérêts, avec pour mission de purger les rédactions. Un cas d’interventionnisme remarqué fut la nomination de Guillaume Zeller, catholique traditionaliste, comme directeur de l’information du groupe Canal+, par Vincent Bolloré. Ce dernier semble vouloir actuellement enterrer Canal+, après avoir vidé de ses forces vives la rédaction d’iTélé, rebaptisée CNews, après la plus longue grève de l’histoire de la télévision.

     

    Il semble ne plus y avoir de limites à ce « grand ménage ». En 2016, Aude Lancelin, directrice adjointe de la rédaction de L’Obs, est licenciée pour des raisons politiques. En 2017, Olivia Recasens, directrice adjointe de la rédaction du Point, est limogée du jour au lendemain, pour faute grave, et pour des motifs réels tout aussi inavouables. Autant de coups de pression, qui envoient un message clair aux rédactions : pas de vagues, rentrez dans le rang !

     

    Ingérence et censures

    Le patron de M6, Nicolas de Tavernost, avoue avoir exercé des pressions sur les journalistes de la chaîne pour « ne pas contrarier des clients ». Il explique ainsi avoir censuré une émission de Capital sur la téléphonie. Autre cas notable, la censure par Vincent Bolloré d’une enquête sur le Crédit mutuel, qui devait être diffusée par l’émission « Spécial investigation » sur Canal+. Un simple coup de fil a suffi pour contenter la banque, partenaire de Vincent Bolloré, qui ne voulait pas voir sortir cette enquête. Reporters sans frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit » dénoncent par ailleurs la censure et la déprogrammation de quatre documentaires qui devaient être diffusés par Canal+.

     

    Un autre risque, plus pervers car plus discret, est l’autocensure de journalistes. Des journalistes qui veulent bien faire leur métier, mais qui n’osent plus proposer des articles sur des sujets sensibles, ou qu’ils savent problématiques pour le propriétaire de leur média. Sans compter les pressions économiques, avec les suppressions de postes et des moyens nécessaires à tout travail d’enquête. Promouvoir des logiques managériales « musclées », imposer des contraintes économiques fortes sur la production de l’information, précariser les rédactions mises en permanence sur la sellette, bref, promouvoir une information low cost, est aussi une forme de censure.

     

    A cette liste des moyens de censure, il faudrait ajouter les « poursuites baillons », dont l’objectif est de dissuader les médias de s’emparer de certaines affaires (lire notre article « Bolloré, la presse et les poursuites ‘homéopathiques’ en diffamation »). Ou les mesures de rétorsion, comme celle de Bernard Arnault, ulcéré par le titre « Casse-toi, riche con » de Libération, lors de sa demande de naturalisation en Belgique en 2012, et qui décide de couper les budgets de publicité alloués par le groupe LVMH au quotidien.

     

    Comment cela évolue-t-il ?

    Pas vraiment vers davantage de pluralisme ! En quelques mois, en 2015, on a vu le rachat par Patrick Drahi de Libération et du cinquième groupe de presse magazine en France, Express-Roularta, ainsi que sa prise de participation (à 49%) dans NextRadioTV (BFMTV, RMC). A la même période, Bernard Arnault, déjà propriétaire des Échos, rachète Le Parisien et Aujourd’hui en France, le groupe Le Monde rachète L’Obs, et Vincent Bolloré prend le contrôle de Canal +, via Vivendi. Des banques sont également entrées dans ce jeu de Monopoly. Le Crédit mutuel est ainsi devenu en dix ans l’unique propriétaire du groupe EBRA, premier groupe de presse quotidienne régionale, implanté dans l’Est de la France (Le Dauphiné libéré, Le Progrès, Dernières Nouvelles d’Alsace, L’Est républicain…) [4]. Et le Crédit agricole est devenu actionnaire de journaux régionaux, comme La Voix du Nord et Le Courrier picard (via le groupe belge Rossel).

     

    Ce petit milieu multiplie les participations croisées [5]. En parallèle de cet accaparement, ces milliardaires ont mis la main sur l’ensemble de la chaine de production. Exemple avec les entreprises de production de contenus : c’est Lagardère qui produit pour France 5 les émissions « C dans l’air », par l’intermédiaire de sa société Maximal Productions. Ces oligarques sont aussi propriétaires des « tuyaux » de diffusion, comme les « box » (FreeBox, Bbox, Box SFR) qui permettent la diffusion dans tous les foyers de France d’internet et de la télévision. Une intégration « verticale » qui concentre la diffusion d’une grande part de l’information entre les mains de ceux qui détiennent les clés de sa production.

     

    L’information devient ainsi un produit comme les autres : l’opérateur de télécoms SFR propose ainsi une box Internet « à partir de 19,99 euros par mois », avec, pour le même tarif, l’abonnement numérique à 18 journaux. « Une machine à tuer le journalisme de qualité », estime Le Point. Un peu comme un cadeau bonus. On achète le tuyau – une connexion web – et on gagne en prime un produit secondaire, des médias.

     

    En quoi cela nous concerne tous ?

    On pourrait se dire que chaque société a les médias qu’elle mérite. Ou que chacun lit, écoute, regarde ce qu’il veut. Que tout le monde peut faire son propre tri dans le flot médiatique. Sauf que les médias ne sont pas un business comme un autre. Défendre l’indépendance de la presse, ce n’est pas un combat « corporatiste », un « truc de journalistes » qui se battraient pour leur outil de travail. Il ne peut pas y avoir de démocratie forte, voire même de démocratie tout court, sans citoyens informés, et bien informés. L’information est un bien public. Autant de médias sous contrôle d’une petite oligarchie, véritables chiens de garde du néolibéralisme, c’est une atteinte à nos libertés fondamentales.

     

    Cette situation n’est pas une fatalité. Lutter contre tout ce qui encourage la concentration des médias et leur financiarisation est possible (voir les propositions de la campagne #LibertéEgalitéInformés). On pourrait mettre en place des dispositifs anti-concentration plus exigeants. Ou interdire le contrôle de médias par des entreprises qui dépendent de marchés publics – Bouygues, Dassault,... – comme le propose l’association Acrimed. Ou conditionner le versement des aides à la presse aux médias qui ne sont pas détenus par des milliardaires, dont les intérêts principaux ne sont pas dans le secteur de la presse. Voire même, soyons fous, limiter ces aides aux médias à but non lucratif, qu’ils soient privés, coopératifs ou associatifs.

     

    Il est nécessaire que ces propositions et réformes salutaires – ou d’autres ! – soient discutées et débattues. Mais aussi les conditions qui favoriseront l’émergence, le développement et la consolidation de médias indépendants, pour garantir le pluralisme de l’information en France. Défendre et faire vivre une presse libre ne semble malheureusement pas une priorité pour bon nombre de candidats à l’élection présidentielle.

     

    @AgnèsRousseaux


  •  Peut être un mème de 2 personnes et texte qui dit ’SIGUE CACAREANDOY TE DARE UN LUGAR EN MI REINO..!!’ 

     

     

     

     

    Infodujour.fr

     

     

     

     

    Ukraine : La guerre Russie-USA par procuration

    1 mai 2022 - 22:00 par Infodujour

    Les États-Unis ont réuni le mardi 26 avril 2022 en Allemagne une quarantaine de pays alliés pour armer davantage l’Ukraine face à l’envahisseur russe. Contexte et objectifs.

     

    Ukraine une guerre Russie-USA par procuration (UnlimPhotos)

    Ukraine une guerre Russie-USA par procuration (UnlimPhotos)

    Les États-Unis sont prêts à tout pour faire gagner l’Ukraine contre la Russie, a affirmé le chef du Pentagone : « L’Ukraine croit clairement qu’elle peut gagner et c’est aussi le cas de tout le monde ici » (Secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin). Car, depuis le 24 février 2022, la guerre a changé de dimension.

     

    Russie contre Occident

    Les USA s’impliquent désormais directement dans l’affaire d’Ukraine. Ils ont pris incontestablement la direction des opérations, grâce à leur puissance globale : financière, économique, technologique, militaire et… médiatique.

    Volodymyr Zelensky, lui, considère que l’avenir de l’Ukraine dépend uniquement des USA, ce qui fait que, si l’issue de la crise tourne à son avantage, il ne pourra rien leur refuser. Les USA et leurs satellites européens sont devenus stricto sensu des cobelligérants. Le conflit a évolué : il est devenu un conflit Russie contre Occident, de l’aveu même du président Poutine.

     

    L’Europe à la traine

    Quand la guerre a éclaté, en février, les États-Unis ont soigneusement laissé les Européens s’occuper de l’affaire. Ces derniers ont démontré un activisme aussi brouillon qu’inopérant : ils ont fourni des assurances unanimes de soutien au président Zelensky, mais tout le monde a pu constater qu’aucun d’entre eux n’avait la possibilité politique, pas plus que matérielle, d’influencer le cours des événements et encore moins de sauver l’Ukraine.

    L’Europe en tant que puissance militaire est une pure fiction. Sa puissance ne vaut pas plus que celle du Vatican (qui, lui au moins, ne prétend pas sauver l’Ukraine).

     

    L’épine des îles Salomon

    Dans le même temps, les USA subissent un revers sévère dans le Pacifique avec l’accord de sécurité Îles Salomon – Chine et même si une délégation américaine s’est précipitée dès le surlendemain, le mal est fait. Les Îles Salomon occupent une position géographique cruciale (penser à Guadalcanal) qui permet de contrôler les lignes de communications entre les USA, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

     

    Le pari américain

    La période d’observation (et d’aide informationnelle à l’Ukraine) du début de l’envahissement russe a permis aux Américains de vérifier que l’armée russe était d’un niveau opérationnel relevant de la 2ᵉ guerre mondiale et, par suite, totalement vulnérable à la puissance militaire actuelle américaine (2ᵉ offset). La conclusion est qu’un support massif américain en armement et information peut permettre à l’armée ukrainienne de refouler l’armée russe, et ce, au point de faire retrouver à l’Ukraine son intégrité territoriale – Crimée comprise. Il s’agit d’un pari calculé.

     

    À propos des armes russes

    Les fameux armements modernes de la Russie ne sont que du vent. Preuve en est, l’attaque réputée par la Russie avec des armements « ultra-précis » sur une usine d’armement à Kiev (pendant la visite d’Antonio Guterres secrétaire général de l’ONU). Cette attaque ne détruit qu’un immeuble à proximité… l’ultra-précision américaine est de moins de 5 mètres et pas de 150 mètres !

    Preuve s’il en est de la défectuosité russe en matière de Glonass (équivalent GPS). Le GPS est brouillé sur l’Ukraine mais les modes militaires (dits code P et code M) ne sont pas affectés. Les communications russes sont brouillées et certains généraux russes ayant utilisé leur téléphone portable ne s’en sont jamais remis… Les StarLink d’Elon Musk fournis par centaines à l’Ukraine sont cyberprotégés. La fameuse cybermenace russe n’existe pas pour les américains.

     

    Un duopole USA-Chine

    La pensée stratégique américaine est sous-tendue par une seule arrière-pensée globale : la rivalité USA-Chine. Ces deux puissances effacent les autres et sont en train de dessiner le monde de demain. C’est un fait. Les prétentions d’autres acteurs ne sont que des niaiseries (y compris celle de l’Europe hyper-puissance).

    On assiste donc à l’émergence d’un duopole USA-Chine où chacun des acteurs aura sa zone d’influence. À la différence du passé, les frontières pourront être indécises dans certains cas. L’organisation globale sera de type ‘’westphalien’’ car c’est la volonté de la Chine.

    En échange, elle reconnaîtra de manière symétrique la suprématie américaine sur la zone qui lui sera dévolue. Pour les USA, ce qui importe, c’est une stabilité ‘’globale’’ à l’image de celle du temps de la guerre froide, pour la Chine, cet ordre n’est qu’une étape vers une suprématie globale qu’elle pense devoir assumer pour le bien de la planète entière (la nécessaire transition énergétique qu’elle est seule à pouvoir imposer, car seule à pouvoir en fournir les moyens matériels sur tout le globe).

     

    Le partage du monde

    L’affaire ukrainienne est une opportunité pour les USA. La guerre n’a pas été provoquée par eux (leur inaction quasiment indolente après l’affaire de Crimée en est une preuve suffisante : c’était le temps d’Obama avec un désintérêt non dissimulé pour les affaires européennes au profit de son fameux ‘shift’ du Pacifique). Elle est désormais vue par les stratèges comme pouvant produire des avantages importants, sinon cruciaux dans le partage du monde avec la Chine.

    Il est entendu dans ce cadre que, désormais, la Russie est définitivement poussée dans la sphère d’influence chinoise, donc devient une alliée objective et un ‘proxy’ de la Chine. Il est donc essentiel pour les USA d’affaiblir la Russie sur les plans économique et militaire. En clair, il s’agit de ‘nanifier’ la Russie et de la contraindre de manière à sécuriser la frontière ‘est’ européenne de la zone d’influence américaine.

     

    Et l’Europe dans tout ça ?

    Les États européens sont dans ce cadre l’équivalent des ‘’fédérés’’ pour l’empire romain antique (la provincialisation de l’Europe de l’Ouest est quasiment acquise à travers l’Otan et les petits trublions qui pourraient rêver d’indépendance européenne seront traités comme des bouffons à l’instar de leurs ancêtres par Rome).

    Dans ce cadre, il faut que l’Ukraine (dès lors considérée comme ‘proxy’ à part entière des USA) puisse reconquérir tout son espace légal reconnu antérieurement, ce qui permettra l’installation de bases militaires US au voisinage de la mer d’Azov et de la mer Noire pour les contrôler (on redit que dans l’hypothèse concernée, l’Ukraine ne pourra rien refuser aux USA). Il s’agit d’une obligation stratégique pour contrer l’influence (et menacer) les Routes de la Soie chinoises qui passent à proximité de ces régions.

     

    L’Ukraine, un épiphénomène

    Le scénario de la réussite américaine est en place. Il rencontrera des difficultés, car l’histoire apprend que la réalité ne respecte jamais les plans, même les mieux élaborés. Au-delà des difficultés, le vrai problème reste la réaction de Poutine à une défaite humiliante inéluctable. Il y a deux sortes de réactions possibles : l’acceptation ou non. Si acceptation il y a, le scénario se conclut. Dans l’autre cas, on a un changement de nature du conflit et ça fait l’objet d’un scénario totalement différent.

    Mais l’enjeu reste bien le duopole USA-Chine qui se situe dans la durée ‘longue’ de l’histoire. L’Ukraine n’est qu’un épiphénomène déclencheur qui accélère l’histoire (comme Corcyra dans la guerre du Péloponnèse).

    La guerre en Ukraine n’est qu’une guerre par procuration entre la Russie et les États-Unis. Qui peut en douter


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    La danse en talons aiguilles de Zelinsky

    Zelensky, comique troupier - Nice Provence Info

     

     

    Dreuz.info

    SAMEDI 4 JUIN 2022

     

     

    Les Etats-Unis provoquent Poutine, l’Europe est menacée d’une confrontation avec les forces russes

    PUBLIÉ PAR MANUEL GOMEZ LE 4 JUIN 2022

     

    Depuis le début des évènements dramatiques occasionnés par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, je pense que les Etats-Unis s’efforcent de provoquer Vladimir Poutine aussi bien verbalement que militairement, et entraînent inévitablement l’Europe dans leur sillage, et cette Europe est bien plus menacée qu’ils ne le sont eux-mêmes, par une confrontation avec les forces russes. 

     

    La dernière de ces provocations est l’envoi, réclamé par Zélensky, de lance-roquettes d’une portée de 80 kilomètres afin de renforcer l’armée ukrainienne. Bien entendu, Biden a le «serment» de Zélensky «de ne jamais attaquer le territoire russe avec ces lance-roquettes», mais il est non moins évident que Zélensky n’a qu’un seul objectif, non pas la victoire de l’Ukraine, qui est aussi improbable qu’impossible, mais l’affrontement provoqué entre la Russie et l’Europe de l’OTAN. 

     

    Il est fort possible, sinon probable que par «un accident involontaire» l’une de ces «roquettes» tombe tôt ou tard sur le sol russe. 

     

    Quelle sera dès lors la réponse de Poutine ?

     

    Nous vivons un moment extrêmement dramatique de ce XXIe siècle. Poutine et la Russie ont une grande part des responsabilités certes, mais Biden et les Etats-Unis, ainsi que Zélensky, ont l’autre part, et c’est l’Europe qui en supporte, ou en supportera, les conséquences.

     

    Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.


  •  President Zelensky Cartoons and Comics - funny pictures from CartoonStock 

     

    AgoraVox le média citoyen

     

    La face cachée de Zelinsky

    par alinea

    jeudi 19 mai 2022

     

     

     

    Se pourrait-il que cet article soit lu par un maximum de gens ? Il me paraît vital !

     

     

    Répression, censure, néolibéralisme à la Pinochet… La face cachée de Zelensky

     Un photomontage de Volodymyr Zelensky tenant un maillot de l'équipe d'Ukraine avec une grande croix gammée au dos. (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

    AdR (source Investig’Action)

    Depuis le début de la guerre en Ukraine, le président Volodymyr Zelensky est adulé en Occident, jusqu’à récolter des standing ovations dans tous les parlements où il intervient. Certes, Zelensky dirige un pays confronté à une invasion militaire. De là à en faire le héros d’un combat du Bien contre le Mal… Docteur en philosophie à l’université du Colorado, Olga Baysha, originaire de Kharkov, nous dévoile la face cachée du président ukrainien. Un entretien passionnant sur l’ascension du comédien devenu président de la République, un entretien qui nous en apprend beaucoup également sur la société ukrainienne et les origines du conflit. (IGA)

     

    Acteur humoriste ayant accédé à la plus haute fonction du pays en 2019, Volodymyr Zelensky était pratiquement inconnu de l’Étasunien moyen – sauf peut-être en tant que figurant dans le spectacle de la destitution de Trump. Mais lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine le 24 février 2022, Zelensky s’est soudainement transformé en une célébrité de premier plan dans les médias EU. Les consommateurs d’informations étasuniens ont été bombardés par les images d’un homme qui semblait dépassé par les événements tragiques, peut-être dépassé par la situation, mais qui finalement paraissait sympathique. Il n’a pas fallu longtemps pour que cette image évolue vers celle d’un héros infatigable, vêtu de kaki, gouvernant une petite démocratie et repoussant à lui seul les barbares autocrates de l’Est.

     

    Mais au-delà de cette image soigneusement élaborée par les médias occidentaux, il y a quelque chose de beaucoup plus complexe et de moins flatteur. Zelensky a été élu par 73 % des votants en promettant la paix, le reste de son programme était plus vague. Cependant, à la veille de l’invasion, sa cote de popularité avait chuté à 31 % parce qu’il avait poursuivi des politiques profondément impopulaires.

     

    L’universitaire ukrainienne Olga Baysha, auteur de Democracy, Populism, and Neoliberalism in Ukraine : On the Fringes of the Virtual and the Real, a étudié l’ascension de Zelensky et la façon dont il a exercé son pouvoir depuis qu’il est devenu président. Dans l’interview ci-dessous, Baysha commente l’adhésion de Zelensky au néolibéralisme et son autoritarisme croissant. Elle explique comment ses actions ont contribué à la guerre en cours. Elle analyse le leadership contre-productif et égocentrique du président tout au long du conflit. Elle examine les opinions, les identités culturelles et les politiques complexes des Ukrainiens, elle décrypte le partenariat entre néolibéraux et droite radicale pendant et après l’Euro-Maïdan et elle se penche sur l’impact d’une prise de contrôle par les Russes du Donbass sur les populations locales. Une manœuvre qui ne serait pas saluée comme elle aurait pu l’être en 2014.

     

    Parlez-nous un peu de votre parcours. D’où venez-vous et comment avez-vous commencé à vous intéresser à votre domaine d’étude actuel ?

     

    Je suis une Ukrainienne de souche, née à Kharkov, une ville ukrainienne située à la frontière avec la Russie. Mon père et d’autres parents y vivent toujours. Avant la guerre actuelle, Kharkov était l’un des principaux centres éducatifs et scientifiques d’Ukraine. Les habitants de la ville sont fiers de vivre dans la « capitale intellectuelle » de l’Ukraine. En 1990, c’est dans cette ville que la première télévision libre de tout contrôle du parti a été créée ; son premier programme d’information était rapidement diffusé dans la foulée. À cette époque, j’étais déjà diplômée de l’université de Kharkov. Puis un jour, un ami de l’université m’a invité à travailler comme journaliste pour ce programme d’information. Le lendemain, sans expérience préalable, j’ai commencé à faire des reportages. Quelques mois plus tard, j’étais présentatrice de journaux télévisés. Ma carrière fulgurante n’était pas une exception.

     

    Le nombre de nouveaux médias non contrôlés augmentait chaque jour à un rythme effréné, et ils avaient de plus en plus besoin de main-d’œuvre. Mais dans l’écrasante majorité des cas, il s’agissait de jeunes ambitieux sans aucune formation journalistique ni expérience de terrain. Ce qui nous unissait, c’était le désir d’occidentalisation, notre incompréhension des contradictions sociétales caractérisant la transition postsoviétique, et la surdité aux préoccupations des travailleurs opposés aux réformes. À nos yeux, ces derniers étaient « rétrogrades » : ils ne comprenaient pas ce qu’était la civilisation. Nous nous considérions comme une avant-garde révolutionnaire et nous choisissions des réformateurs progressistes. C’est nous – les travailleurs des médias – qui avons créé un environnement favorable à la néolibéralisation de l’Ukraine. La néolibéralisation rimait alors avec occidentalisation et civilisation. Mais elle a entraîné toute une série de conséquences désastreuses pour la société. Je ne l’ai réalisé que des années plus tard.

     

    À cette époque, je supervisais la production de documentaires historiques dans une société de télévision de Kiev. J’ai compris que la mythologie du progrès historique à sens unique et du caractère inévitable de l’occidentalisation des « barbares » fournissait en fait un terrain idéologique aux expériences néolibérales, non seulement dans les anciens États soviétiques, mais aussi partout dans le monde. Cet intérêt pour l’hégémonie mondiale de l’idéologie de l’occidentalisation m’a conduit d’abord au programme de doctorat en études critiques des médias à l’Université du Colorado à Boulder, puis aux recherches que je mène actuellement.

     

    Selon les travaux universitaires de certains sociologues ukrainiens, les sondages ont montré dans un passé récent que la plupart des Ukrainiens n’étaient pas très intéressés par les questions identitaires. Ils étaient plus préoccupés par des sujets comme l’emploi, les salaires et les prix. Votre travail se concentre beaucoup sur les réformes néolibérales qui ont été promulguées en Ukraine depuis 2019 contre le sentiment populaire. Pouvez-vous nous expliquer quelles sont les opinions de la plupart des Ukrainiens sur les questions économiques ?

     

    Dans les milieux sociaux où je vivais – l’est de l’Ukraine, la Crimée et Kiev – il y avait très peu de personnes concernées par la question de l’identité ethnique. Ce n’est pas en vain que j’insiste sur « mes milieux sociaux ». L’Ukraine est un pays complexe et divisé, dont l’extrême est et l’extrême ouest ont des points de vue diamétralement différents sur toutes les questions socialement significatives. Depuis la déclaration d’indépendance de l’Ukraine en 1991, deux idées d’identité nationale s’affrontent en Ukraine : « Ukrainien de souche » et « Slave de l’Est ». L’idée d’une ethnie nationale ukrainienne est fondée sur la notion que la culture, la langue et l’histoire ukrainienne articulée autour de l’ethnie devraient être les principales forces d’intégration dans l’État-nation ukrainien. Cette idée est beaucoup plus populaire dans l’ouest du pays. En revanche, l’idée slave de l’Est envisage la nation ukrainienne comme reposant sur deux groupes ethniques, langues et cultures primaires, à savoir l’ukrainien et le russe. Cette idée a été acceptée comme normale dans le sud-est de l’Ukraine. Mais de manière générale, je peux confirmer que la plupart des Ukrainiens sont beaucoup plus préoccupés par les questions économiques, ce qui a toujours été le cas.

     

    En fait, l’indépendance de l’Ukraine en 1991 relevait aussi, dans une large mesure, de préoccupations économiques. De nombreux Ukrainiens ont soutenu l’idée d’un divorce politique avec la Russie parce qu’ils espéraient que l’Ukraine se porterait mieux sur le plan économique – c’est ce que nous promettaient les brochures de propagande. Cet espoir économique ne s’est pas réalisé. À bien des égards, l’effondrement de l’Union soviétique a radicalement changé la vie des gens pour le pire en raison de la néolibéralisation de l’Ukraine qui a entraîné la marchandisation de la sphère sociale et la ruine de l’État-providence soviétique.

     

    Qu’en est-il des réformes néolibérales initiées par Zelensky ? Les sondages d’opinion permettent de juger leur popularité : jusqu’à 72 % des Ukrainiens n’ont pas soutenu sa réforme agraire, fleuron du programme néolibéral de Zelensky. Après que son parti l’a approuvée malgré l’indignation de la population, la cote de Zelensky est passée de 73 % au printemps 2019 à 23 % en janvier 2022. La raison en est simple : un profond sentiment de trahison. Dans ce que l’on peut considérer comme son programme électoral non officiel – l’émission « Serviteur du peuple » – Zelesnky-Holoborodko [1] a promis que s’il pouvait diriger le pays pendant une seule semaine, il ferait « vivre l’enseignant comme le président, et le président comme l’enseignant. » Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette promesse n’a pas été tenue. Les gens ont réalisé qu’ils avaient été dupés une fois de plus – les réformes ont été menées dans l’intérêt non pas des Ukrainiens, mais du capital mondial.

     

    Dans quelle mesure pensez-vous que la priorité accordée à la sécurité économique par rapport aux questions d’identité a changé avec l’invasion russe ? Comment pensez-vous que cela se traduira pour les chances politiques des nationalistes/ultranationalistes par rapport aux modérés ou aux progressistes ?

     

    C’est une question intéressante. D’une part, la priorité des gens est désormais de survivre, ce qui fait de la sécurité leur principale préoccupation. Pour sauver leur vie, des millions d’Ukrainiens, dont ma mère ainsi que ma sœur et ses enfants, ont quitté l’Ukraine pour l’Europe. Beaucoup d’entre eux sont prêts à y rester pour toujours, à apprendre des langues étrangères et à adopter un mode de vie étranger. Tous ces développements peuvent difficilement donner la priorité aux préoccupations identitaires. D’un autre côté cependant, l’intensification des sentiments ethniques et la consolidation de la nation confrontée à une invasion sont également évidentes. Je peux en juger par les discussions publiques sur les médias sociaux : certains Kharkovites que je connais personnellement ont même commencé à publier des messages en ukrainien, langue qu’ils n’avaient jamais utilisée auparavant, pour souligner leur identité nationale et signaler qu’ils sont contre toute invasion étrangère.

     

    C’est un autre aspect tragique de cette guerre. Beaucoup de gens du sud-est n’avaient pas soutenu la révolution Maidan de 2014 et s’étaient trouvés dès lors considérés comme des « esclaves », « sovki » et « vatniki » – des termes péjoratifs pour désigner leur côté arriéré et barbare. C’est ainsi que les révolutionnaires de Maidan, qui se considéraient comme la force progressiste de l’Histoire, voyaient les « autres » anti-Maidan en raison de leur adhésion à la langue et à la culture russes. Or jamais cette population pro-russe n’a pu imaginer que la Russie allait bombarder ses villes et ruiner ses vies. La tragédie de ces personnes est double : leur monde a d’abord été ruiné symboliquement par le Maïdan ; à présent, il est détruit physiquement par la Russie.

     

    Les résultats de ces développements ne sont pas clairs, car on ne sait pas encore comment la guerre va se terminer. Si les régions du sud-est restent en Ukraine, la destruction de tout ce qui avait résisté au nationalisme agressif sera très probablement achevée. Ce sera sans doute la fin de cette culture frontalière unique qui n’a jamais voulu être ni complètement ukrainisée ni russifiée. Si la Russie établit son contrôle sur ces régions, comme elle s’enorgueillit de le faire actuellement, je peux difficilement prédire comment elle affrontera le ressentiment de masse, du moins dans les villes qui ont subi des dommages importants, comme Kharkov.

     

    Pour en venir à Zelensky plus particulièrement, vous soulignez dans votre livre qu’il a joué le rôle d’un personnage charismatique en utilisant sa célébrité et ses talents d’acteur pour amener les gens à le soutenir au nom d’un programme vague et rassurant (paix, démocratie, progrès, lutte contre la corruption). Mais en réalité, ça occultait un autre programme qui n’aurait pas été populaire, à savoir un programme économique néolibéral. Pouvez-vous nous parler de la manière dont il s’y est pris – comment a-t-il mené sa campagne et quelles ont été ses priorités quand il a pris ses fonctions ?

     

    La victoire de Zelensky et de son parti a été étonnante. Son parti s’est par la suite transformé en une machine parlementaire chargée d’élaborer et d’approuver les réformes néolibérales. Un « turbo régime », comme ils disaient. L’argument de base présenté dans mon livre est que cette étonnante victoire ne peut s’expliquer autrement que par le succès de la série télévisée qui, comme le pensent de nombreux observateurs, a servi de programme électoral informel à Zelensky. Contrairement à son programme officiel, qui ne comportait que 1 601 mots et peu de détails politiques, les 51 épisodes d’une demi-heure de son émission ont fourni aux Ukrainiens une vision détaillée de ce qu’il fallait faire pour que l’Ukraine progresse.

     

    Le message délivré par Zelensky aux Ukrainiens à travers son émission est clairement populiste. Le peuple ukrainien y est dépeint comme un ensemble homogène et sans problème, dépourvu de clivages internes, dont seuls les oligarques et les politiciens/fonctionnaires corrompus sont exclus. Le pays ne devient sain qu’après s’être débarrassé des oligarques et de leurs marionnettes. Certains d’entre eux sont emprisonnés ou fuient le pays ; leurs biens sont confisqués sans aucun égard pour la légalité. Plus tard, Zelensky-le-président fera de même à l’égard de ses rivaux politiques.

     

    Il est intéressant de noter que l’émission ignore le thème de la guerre du Donbass, qui a éclaté en 2014, un an avant que la série commence à être diffusée. Le Maïdan et les relations Russie-Ukraine étant des sujets très clivants dans la société ukrainienne, Zelensky les a ignorés pour ne pas mettre en péril l’unité de sa nation virtuelle, de ses téléspectateurs et, finalement, de ses électeurs.

     

    Les promesses électorales de Zelensky, faites à la frontière entre le réel et le virtuel, portaient principalement sur le « progrès » de l’Ukraine. Le « progrès » étant compris comme « modernisation », « occidentalisation », « civilisation » et « normalisation ». C’est ce discours progressiste et modernisateur qui a permis à Zelensky de camoufler ses projets de réformes néolibérales, lancés trois jours seulement après l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement. Tout au long de la campagne, l’idée de « progrès » mise en avant par Zelensky n’a jamais été liée aux privatisations, aux ventes de terrains, aux coupes budgétaires, etc. Ce n’est qu’après avoir consolidé son pouvoir présidentiel en établissant un contrôle total sur les pouvoirs législatif et exécutif que Zelensky a clairement indiqué que la « normalisation » et la « civilisation » de l’Ukraine signifiaient la privatisation des terres et des biens publics, la déréglementation des conditions de travail, la réduction du pouvoir des syndicats ou encore l’augmentation des tarifs des services publics.

     

    Vous avez souligné que de nombreux étrangers ont été nommés à des postes économiques et sociaux importants après le coup d’État de 2014 et avant le mandat de Zelensky. De même, de nombreux fonctionnaires de Zelensky ont des liens étroits avec les institutions néolibérales mondiales. Vous avez suggéré qu’il existe des preuves qu’ils manipulent Zelensky, ce dernier ayant une compréhension peu élaborée de l’économie et de la finance. Pouvez-vous expliquer ces ramifications du changement de gouvernement pro-occidental en 2014 ? Quels sont les intérêts plus larges en jeu ici ? Les intérêts de la population ukrainienne en générale sont-ils pris en compte ?

     

    Oui, le changement de pouvoir de Maïdan en 2014 a marqué le début d’une toute nouvelle ère dans l’histoire de l’Ukraine en termes d’influence occidentale sur les décisions souveraines du pays. Pour être claire, depuis que l’Ukraine a déclaré son indépendance en 1991, cette influence a toujours existé. La Chambre de commerce étasunienne, le Center for US-Ukraine relations, le US-Ukraine Business Council, l’European Business Association, le FMI, l’EBDR, l’OMC, l’UE – toutes ces institutions de lobbying et de régulation ont influencé de manière significative les décisions politiques en Ukraine.

     

    Cependant, jamais dans l’histoire de l’Ukraine avant le Maïdan, le pays n’avait nommé des citoyens étrangers à des postes ministériels de premier plan – cela n’est devenu possible qu’après le Maïdan. En 2014, Natalie Jaresko, citoyenne des États-Unis, a été nommée ministre des Finances de l’Ukraine ; Aivaras Abromavičius, citoyen de Lituanie, est devenu ministre de l’Économie et du Commerce de l’Ukraine ; Alexander Kvitashvili, citoyen de Géorgie, est devenu ministre de la Santé. En 2016, Ulana Suprun, citoyenne étasunienne, a été nommée ministre de la Santé par intérim. D’autres étrangers ont occupé des postes de rang inférieur. Il va sans dire que toutes ces nominations résultent non pas de la volonté des Ukrainiens, mais des recommandations des institutions néolibérales mondiales, ce qui n’est pas surprenant étant donné que le Maïdan lui-même n’était pas soutenu par la moitié de la population ukrainienne.

     

    Comme nous l’avons déjà mentionné, la majorité de ces « autres » anti-Maïdan résident dans les régions du sud-est. Plus on regarde vers l’est, plus le rejet du Maïdan et de son programme européen est fort et homogène. Plus de 75 % des personnes vivant dans les oblasts de Donetsk et de Louhansk (deux régions orientales de l’Ukraine majoritairement peuplées de russophones) ne soutenaient pas le Maïdan, tandis que 20 % seulement des personnes vivant en Crimée le soutenaient.

     

    Ces chiffres statistiques, fournis par l’Institut de sociologie de Kiev en avril 2014, n’ont pas empêché les institutions occidentales du pouvoir de faire valoir que le Maïdan était le soulèvement du « peuple ukrainien » présenté comme un ensemble homogène, une supercherie idéologique très efficace. En se rendant sur la place Maidan et en encourageant ses révolutionnaires à protester, les membres de la « communauté internationale » ont manqué de respect à des millions d’Ukrainiens qui défendaient des opinions anti-Maïdan, contribuant ainsi à l’escalade du conflit civil qui, au bout du compte, a conduit au désastre que nous observons aujourd’hui avec impuissance.

     

    Qu’en est-il des intérêts étrangers investis dans la néolibéralisation de l’Ukraine, menée au nom du peuple ukrainien ? Ils sont divers, mais derrière la réforme agraire, que j’ai analysée attentivement, il y avait des lobbies financiers en Occident. Les fonds de pension et les fonds d’investissement occidentaux voulaient investir de l’argent qui se dépréciait. À la recherche d’actifs dans lesquels investir, ils se sont assuré le soutien du FMI, de la Banque mondiale, de la BERD et de divers groupes de pression pour promouvoir leurs intérêts et préparer le terrain [2]. Cela n’a rien à voir avec les intérêts des Ukrainiens, bien sûr.

     

    Quel est le bilan de Zelensky en matière de démocratie, de liberté d’expression et de liberté de la presse, en matière de pluralisme politique et de traitement des différents partis politiques ? Quelle comparaison avec les anciens présidents de l’Ukraine postsoviétique ?

     

    Je suis d’accord avec Jodi Dean qui affirme que la démocratie est un fantasme néolibéral dans le sens où elle ne peut exister dans les systèmes néolibéraux de gouvernements contrôlés non pas par les gens, mais par des institutions supranationales. Comme nous l’avons mentionné précédemment, cela est devenu particulièrement évident après le Maïdan lorsque les ministres des Affaires étrangères ont été nommés par ces institutions pour défendre leurs intérêts en Ukraine. Cependant, avec son zèle réformateur, Zelensky est allé plus loin. Début février 2021, les trois premières chaînes de télévision d’opposition – NewsOne, Zik et 112 Ukraine – ont été fermées. Une autre chaîne d’opposition, Nash, a été interdite au début de 2022, avant le début de la guerre. Après le déclenchement du conflit, en mars, des dizaines de journalistes indépendants, de blogueurs et d’analystes ont été arrêtés ; la plupart d’entre eux défendent des opinions de gauche. En avril, des chaînes de télévision de droite – Channel 5 et Pryamiy – ont également été fermées. En outre, Zelensky a signé un décret obligeant toutes les chaînes ukrainiennes à diffuser un programme unique, présentant le seul point de vue pro-gouvernemental sur la guerre.

     

    Tous ces développements sont sans précédent dans l’histoire de l’Ukraine indépendante. Les partisans de Zelensky affirment que toutes les arrestations et interdictions de médias doivent être passées par pertes et profits pour des raisons militaires. Ils ignorent ainsi le fait que les premières fermetures de médias ont eu lieu un an avant l’invasion russe. Selon moi, Zelensky n’utilise cette guerre que pour renforcer les tendances dictatoriales au sein de son régime gouvernemental. Ces tendances sont apparues juste après l’arrivée de Zelensky au pouvoir, lorsqu’il a créé une machine partisane pour contrôler le parlement et approuver les réformes néolibérales sans débats et sans tenir compte de l’opinion publique.

     

    Le Conseil national de sécurité et de défense (NSDC) a été utilisé par Zelensky en 2021 pour sanctionner certaines personnes, principalement des rivaux politiques. Pouvez-vous expliquer ce qu’est le NSDC, pourquoi Zelensky l’a utilisé et si cela était légal ou pas ?

     

    Après l’effondrement de son soutien populaire en 2021, Zelensky a lancé un processus inconstitutionnel de sanctions extrajudiciaires contre ses opposants politiques. Ces sanctions étaient imposées par le Conseil national de sécurité et de défense (NSDC). Elles impliquaient la saisie extrajudiciaire de biens sans aucune preuve d’activités illégales de la part des personnes physiques et morales concernées. Parmi les premiers à être sanctionnés par le NSDC figurent deux députés parlementaires de la Plate-forme d’opposition « Pour la vie » (OPZZh) – Victor Medvedchuk (qui a ensuite été arrêté et montré à la télévision avec le visage battu après un interrogatoire) et Taras Kozak (qui a réussi à s’échapper d’Ukraine), ainsi que des membres de leurs familles. Cela s’est produit en février 2021. En mars 2022, 11 partis d’opposition ont été interdits. Les décisions d’interdire les partis d’opposition et de sanctionner les dirigeants de l’opposition ont été prises par le NSDC ; et elles ont été mises en œuvre par décrets présidentiels.

     

    La Constitution ukrainienne stipule que le Conseil de la sécurité nationale et de la défense est un organe de coordination : il « coordonne et contrôle l’activité des organes du pouvoir exécutif dans le domaine de la sécurité nationale et de la défense. » Cela n’a rien à voir avec la poursuite des opposants politiques et la confiscation de leurs biens – ce que le NSDC fait depuis 2021. Il va sans dire que ces méthodes du régime de Zelensky sont inconstitutionnelles – seuls les tribunaux peuvent décider de qui est coupable ou pas, et confisquer les biens. Le problème, c’est que les tribunaux ukrainiens se sont montrés peu enclins à jouer les marionnettes de Zelensky. Le président de la Cour constitutionnelle ukrainienne, Oleksandr Tupytskyi, a notamment qualifié les réformes anticonstitutionnelles du président de « coup d’État ». Zelensky n’a eu donc d’autres choix que de s’appuyer sur le NSDC pour faire avancer ses politiques impopulaires. La suite pour le « dissident » Tupytskyi ? Le 27 mars 2021, toujours en violation de la Constitution ukrainienne, Zelensky a signé un décret annulant sa nomination en tant que juge de la Cour.

     

    Sous le règne de Staline, le Commissariat du peuple aux affaires intérieures (NKVD) a créé des « troïkas » pour prononcer des condamnations à l’issue d’enquêtes simplifiées et rapides, et sans procès public et équitable. Ce que nous observons dans le cas du NSDC est un développement très similaire, sauf que les procès anticonstitutionnels du NSDC comptent un plus grand nombre de participants : tous les personnages clés de l’État, y compris le président, le Premier ministre, le chef du service de sécurité ukrainien, le procureur général de l’Ukraine. Une seule réunion du NSDC peut décider du destin de centaines de personnes. Rien qu’en juin 2021, Zelensky a mis en œuvre une décision du NSDC visant à imposer des sanctions à 538 personnes et 540 entreprises.

     

    J’aimerais vous interroger sur la liste des « artisans de la paix » (Myrotvorets) qui serait affiliée au gouvernement ukrainien et aux services de renseignement du SBU. D’après ce que j’ai compris, il s’agit d’une liste d’ « ennemis de l’État » qui publie leurs données personnelles. Plusieurs des personnes qui y figuraient ont été assassinées par la suite. Pouvez-vous nous parler de cette liste, de la façon dont les gens y figurent et de la place qu’elle occupe dans un gouvernement soi-disant démocratique ?

     

    Le site nationaliste Myrotvorets a été lancé en 2015 « par un député du peuple occupant un poste de conseiller au ministère de l’Intérieur de l’Ukraine » C’est ainsi que le rapport de l’ONU le décrit. Le nom de ce député du peuple est Anton Gerashchenko, un ancien conseiller de l’ancien ministre des Affaires intérieures Arsen Avakov. C’est sous le patronage d’Avakov en 2014 que des bataillons nationalistes de répression ont été créés pour être envoyés dans le Donbass afin de supprimer la résistance populaire contre le Maïdan. Myrotvorets a fait partie de la stratégie générale d’intimidation des opposants au coup d’État. Tout « ennemi du peuple » – quiconque ose exprimer publiquement des opinions anti-Maïdan ou contester le programme nationaliste de l’Ukraine – peut se retrouver sur ce site. Les adresses d’Oles Buzina, un célèbre journaliste, abattu par des nationalistes près de son immeuble à Kiev, et d’Oleg Kalashnikov, un député de l’opposition tué par des nationalistes dans sa maison, figuraient également sur Myrotvorets. Ce qui a aidé les tueurs à trouver leurs victimes. Les noms des meurtriers sont bien connus, mais ils ne sont pas emprisonnés, car dans l’Ukraine contemporaine, où la vie politique est contrôlée par les radicaux, ils sont considérés comme des héros.

     

    Le site n’a pas été fermé, même après qu’éclate un scandale international : Myrotvorets avait publié les données personnelles d’hommes politiques étrangers bien connus, dont l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder. Cependant, contrairement à G. Schröder qui réside en Allemagne, les milliers d’Ukrainiens dont les données se trouvent sur Myrotvorets ne peuvent pas se sentir en sécurité. Toutes les personnes arrêtées en mars 2022 avaient également été listées sur Myrotvorets. Je connais personnellement certains d’entre eux – Youri Tkachev, le rédacteur en chef du journal Timer d’Odessa et Dmitry Dzhangirov, le rédacteur en chef de Capital, une chaîne YouTube.

     

    Beaucoup de ceux dont les noms figurent sur Myrotvorets ont réussi à fuir l’Ukraine après le Maïdan ; d’autres ont pu le faire après les arrestations massives de mars dernier. L’un d’entre eux est Tarik Nezalezhko, le collègue de Dzhangirov. Le 12 avril 2022, alors qu’il était déjà en sécurité hors d’Ukraine, il a publié un message sur YouTube, qualifiant le service de sécurité ukrainien de « Gestapo » et donnant des conseils à ses abonnés sur la manière d’éviter d’être capturé par ces agents.

     

    De fait, l’Ukraine n’est pas un pays démocratique. Plus j’observe ce qui s’y passe, plus je pense à la voie de modernisation d’Augusto Pinochet, un personnage qui est d’ailleurs admiré par nos néolibéraux. Pendant une longue période, les crimes du régime de Pinochet n’ont pas fait l’objet d’enquêtes. Mais au final, l’humanité a découvert la vérité. J’espère juste qu’en Ukraine, cela se produira plus tôt.

     

    L’universitaire ukrainien Volodymyr Ishchenko a déclaré dans une interview récente avec la NLR que, contrairement à l’Europe occidentale, il y a davantage de partenariat entre le nationalisme et le néolibéralisme en Europe orientale postsoviétique. Ce phénomène a même été observé dans le Donbass parmi les personnes les plus aisées. Êtes-vous d’accord avec cette affirmation ? Si oui, pouvez-vous expliquer comment cette alliance a évolué ?

     

    Je suis d’accord avec Volodymyr. Ce que nous observons en Ukraine est une alliance de nationalistes et de libéraux fondée sur leur intolérance commune à l’égard de la Russie et, respectivement, de tous ceux qui prônent la coopération avec elle. À la lumière de la guerre actuelle, cette unité des libéraux et des nationalistes peut sembler justifiée. Cependant, l’alliance a été créée bien avant cette guerre : en 2013, lors de la formation du mouvement Maïdan. Pour les libéraux, l’accord d’association avec l’Union européenne, défendu par le Maïdan, était principalement perçu en termes de démocratisation, de modernisation et de civilisation. Il était imaginé comme un moyen d’amener l’Ukraine aux normes européennes de gouvernance. En revanche, l’Union économique eurasienne, dirigée par la Russie, était associée à une régression civilisationnelle vers l’étatisme soviétique et le despotisme asiatique. C’est là que les positions des libéraux et des nationalistes ont convergé : ces derniers ont soutenu activement le Maïdan non pas en raison de la démocratisation, mais en raison de sa position clairement anti-russe.

     

    Dès les premiers jours des manifestations, les nationalistes radicaux ont été les combattants les plus actifs du Maïdan. L’unité entre les libéraux associant l’Euromaïdan au progrès, à la modernisation, aux droits de l’homme, et les radicaux cooptant le mouvement pour leur programme nationaliste était une condition préalable importante à la transformation de la protestation civique en une lutte armée aboutissant à un renversement anticonstitutionnel du pouvoir. Le rôle décisif des radicaux dans la révolution est également devenu un facteur crucial dans la formation d’un mouvement anti-Maidan de masse dans l’est de l’Ukraine, mouvement contre le « coup d’État », comme le discours hégémonique anti-Maïdan a baptisé le changement de pouvoir à Kiev. Au moins en partie, ce que nous observons aujourd’hui est le résultat tragique de cette alliance malheureuse et sans vision à long terme, formée pendant le Maïdan.

     

    Pouvez-vous expliquer quelle a été la relation de Zelensky avec l’extrême droite en Ukraine ?

     

    Zelensky lui-même n’a jamais exprimé d’opinions d’extrême droite. Dans sa série « Serviteur du peuple », qui a été utilisée comme plateforme électorale non officielle, les nationalistes ukrainiens sont dépeints de manière négative : ils n’apparaissent comme rien d’autre que les marionnettes d’oligarques stupides. En tant que candidat à la présidence, Zelensky a critiqué la loi sur la langue signée par son prédécesseur Porochenko, qui faisait de la connaissance de la langue ukrainienne une exigence obligatoire pour les fonctionnaires, les soldats, les médecins et les enseignants. « Nous devons élaborer et adopter des lois et des décisions qui consolident la société, et non l’inverse », affirmait Zelensky-le-candidat en 2019.

     

    Cependant, après avoir assumé la fonction présidentielle, Zelensky s’est tourné vers le programme nationaliste de son prédécesseur. Le 19 mai 2021, son gouvernement a approuvé un plan d’action pour la promotion de la langue ukrainienne dans toutes les sphères de la vie publique, un plan strictement conforme à la loi linguistique de Porochenko, pour le plus grand plaisir des nationalistes et la consternation des russophones. Zelensky n’a rien fait pour poursuivre les radicaux pour tous les crimes qu’ils avaient commis contre les opposants politiques et la population du Donbass. Le symbole de la transformation droitière de Zelensky s’est manifesté à travers le soutien que lui a apporté le nationaliste Medvedko, l’un des accusés du meurtre de Buzina. Medvedko a publiquement approuvé l’interdiction par Zelensky des chaînes d’opposition en langue russe, en 2021.

     

    La question est de savoir pourquoi. Pourquoi Zelensky a-t-il fait volte-face en faveur du nationalisme alors que les gens espéraient qu’il poursuivrait une politique de réconciliation ? Comme le pensent de nombreux analystes, c’est parce que les radicaux, bien que représentant une minorité de la population ukrainienne, n’hésitent pas à utiliser la force contre les politiciens, les tribunaux, les forces de l’ordre, les journalistes, etc. En d’autres termes, ils sont tout simplement bons pour intimider la société, y compris toutes les branches du pouvoir. Les propagandistes peuvent répéter aussi souvent qu’ils le veulent le mantra « Zelensky est juif, il ne peut donc pas être nazi ». Mais la vérité, c’est que les radicaux contrôlent le processus politique en Ukraine par la violence contre ceux qui osent s’opposer à leurs programmes nationalistes et suprématistes. Le cas d’Anatoliy Shariy – l’un des blogueurs les plus populaires d’Ukraine vivant en exil– est un bon exemple pour illustrer ce point. Non seulement lui et les membres de sa famille reçoivent en permanence des menaces de mort, mais les radicaux ne cessent d’intimider les militants de son parti (interdit par Zelensky en mars 2022), en les passant à tabac et en les humiliant. Les radicaux ukrainiens appellent ça des « safaris politiques ».

     

    En ce moment, Zelensky est la figure la plus influente sur la scène mondiale par rapport à un conflit qui aura de graves implications s’il s’aggrave. Je crains qu’il n’utilise ces mêmes talents de manipulateur du show-biz pour rallier le soutien derrière cette image d’une incarnation personnelle de la démocratie et de la justice contre les forces du mal et l’autocratie. C’est comme un film basé sur l’univers des bandes dessinées Marvel. Et c’est précisément le type de scénario qui semble contraire à la diplomatie. Pensez-vous que Zelensky joue un rôle constructif en tant que leader de guerre de l’Ukraine ou pas ?

     

    Je suis régulièrement les discours de guerre de Zelensky, et je peux affirmer avec certitude que la façon dont il présente le conflit ne peut guère conduire à une résolution diplomatique, puisqu’il répète en permanence que les forces du bien sont attaquées par les forces du mal. Il est clair qu’il ne peut y avoir de solution politique pour un tel Armageddon. Ce qui est exclu de ce cadre de référence mythique de la guerre, c’est le contexte plus large des événements : le fait que l’Ukraine refuse depuis des années d’appliquer les accords de paix de Minsk, signés en 2015 après la défaite de l’armée ukrainienne dans la guerre du Donbass. Selon ces accords, le Donbass devait recevoir une autonomie politique au sein de l’Ukraine – un point inconcevable et inacceptable pour les radicaux. Au lieu de mettre en œuvre ce document, ratifié par l’ONU, Kiev s’est battu avec le Donbass le long de la ligne de démarcation pendant huit longues années. La vie des Ukrainiens vivant dans ces territoires s’est transformée en cauchemar. Pour les radicaux, dont les bataillons se sont battus là-bas, les habitants du Donbass – imaginés comme des sovki et des vatniki – ne méritent ni pitié ni indulgence.

     

    La guerre actuelle est une prolongation de la guerre de 2014, qui a commencé lorsque Kiev a envoyé des troupes dans le Donbass pour réprimer la rébellion anti-Maidan sous couvert de la soi-disant « opération antiterroriste ». La reconnaissance de ce contexte plus large ne présuppose pas l’approbation de » l’opération » de la Russie, mais elle implique la reconnaissance que l’Ukraine est également responsable de ce qui se passe. Formuler la question de la guerre actuelle en termes de combat de la civilisation contre la barbarie ou de la démocratie contre l’autocratie n’est rien d’autre que de la manipulation. C’est essentiel pour comprendre la situation. La formule de Bush « soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les terroristes » est propagée par Zelensky dans ses appels au « monde civilisé ». Cette formule s’est avérée très commode pour écarter toute responsabilité personnelle dans le désastre en cours.

     

    Pour vendre cette histoire unidimensionnelle au monde entier, les compétences artistiques de Zelensky semblent inestimables. Il est enfin sur la scène mondiale, et le monde applaudit. L’ancien comédien ne cherche même pas à cacher sa satisfaction. Répondant à la question d’un journaliste français le 5 mars 2022 – le dixième jour de l’invasion russe – sur la façon dont sa vie avait changé avec le début de la guerre, Zelensky a répondu avec un sourire empreint de plaisir : « Aujourd’hui, ma vie est belle. Je crois que l’on a besoin de moi. Je pense que c’est le sens le plus important de la vie – être utile. Sentir que vous n’êtes pas seulement un vide qui ne fait que respirer, marcher et manger. Vous vivez. »

     

    Pour moi, cette construction est alarmante : elle implique que Zelensky jouit de l’opportunité unique de se produire sur une scène mondiale offerte par la guerre. Elle a rendu sa vie belle ; il vit. Contrairement à des millions d’Ukrainiens dont la vie n’est pas belle du tout et à des milliers d’autres qui ne sont plus en vie.

     

    Alexander Gabuev a suggéré que les dirigeants russes manquent de connaissances sur le pays, ce qui aurait alimenté le conflit. J’ai également entendu des commentateurs russes suggérer que l’Ukraine avait une attitude supérieure en ce qui concerne le fait d’être pro-occidental ou pro-russe. Pensez-vous qu’il s’agisse d’un facteur important pour les deux parties ?

     

    J’ai tendance à être d’accord avec l’affirmation concernant le manque de compréhension de la part des dirigeants russes sur les processus sociaux qui se déroulent en Ukraine depuis le Maïdan. En effet, la moitié de la population ukrainienne n’a pas accueilli favorablement le Maïdan, et des millions de personnes vivant dans le sud-est souhaitaient que la Russie intervienne. Je le sais avec certitude, car tous mes proches et mes vieux amis résident dans ces territoires. Cependant, ce qui était vrai en 2014 ne l’est plus forcément aujourd’hui. Huit années ont passé ; une nouvelle génération de jeunes, élevés dans un nouvel environnement social, a grandi ; et beaucoup de gens se sont simplement habitués à de nouvelles réalités. Enfin, même si la plupart d’entre eux méprisent les radicaux et la politique d’ukrainisation, ils détestent encore plus la guerre. La réalité sur le terrain s’est avérée plus complexe que ne le prévoyaient les décideurs.

     

    Qu’en est-il du sentiment de supériorité des Ukrainiens qui s’identifient aux Occidentaux plutôt qu’aux Russes ?

     

    C’est vrai et, en ce qui me concerne, c’est la partie la plus tragique de toute l’histoire post-Maïdan, car c’est exactement ce sentiment de supériorité qui a empêché les forces pro-Maïdan « progressistes » de trouver un langage commun avec leurs compatriotes pro-russes « arriérés ». Cela a conduit au soulèvement du Donbass, à l’« opération antiterroriste » de l’armée ukrainienne contre le Donbass, à l’intervention de la Russie, aux accords de paix de Minsk, à leur non-respect et, enfin, à la guerre actuelle.

     

    Source originale : Grayzone

     

    Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action


  •  L'impérialisme américain en action avec des milliers de morts pour rien.Il suffisait de respecter les accords de Minsk.

    Peut être un mème de 2 personnes et texte qui dit ’SIGUE CACAREANDOY TE DARE UN LUGAR EN MI REINO..!!’